mardi 29 novembre 2016

Grenouille de bénitier - 29 novembre 2016

Les yeux plein d'étoiles, en enfants sages, nous attendons le Père Noël.
Hélas, dans la douce nuit de dimanche, c'est le char du Père Fouettard, François Fillon, qui a paradé dans nos rues.
Armé d'un knout(1) et avec un aplomb sidérant, il nous a promis, à nous, chômeurs, travailleurs pauvres, paysans aux abois, retraités désargentés et assujettis aux oeuvres sociales, du sang... et des larmes.
Ses fidèles Féaux(2), Henri de Castries, Jean de Boishue, Marc Ladreit de Lacharrière, Arnaud de Montlaur et Madeleine de Jessey, dont les noms scintillent en lettres d'or dans le bottin mondain, peuvent désormais se hausser du col et renier les idéaux de la noblesse de France (protéger la veuve et l'orphelin et venir en aide aux pauvres).
Dans le pavillon de chasse du sublimissime château de Fougéré d'Henri de Castries, ces raffinés nobliaux ont fêté la victoire de leur champion et l'abandon prochain de toute mesure sociale en faveur des défavorisés (personnes hors de la Faveur Royale).
Emportés par l'élan d'une chevauchée frénétique vers un capitalisme ultra-libéral effréné et mortifère pour la vile populace que nous sommes, nos vaillants nemrods(3) y vont de leur obole pour financer le jubilant élu d'un parti de patrons, de financiers, et de rentiers, dont la cassette est vide au vu de la gabegie(4) dans laquelle se vautrent ces joyeux drilles aux golden cards.

Bibles et évangiles en mains, ces opulents croisés ont été ralliés ex abrupto par l'ancienne égérie des boîtes de nuit gay parisiennes, Frigide Barjot, reconvertie, l'âge venant, en grenouille de bénitier.
Il paraît que Dieu reconnaîtra les siens.
Mais Dieu, si Dieu existe en ce monde cruel, n'est pas dans le choeur de la somptueuse abbaye de Solesmes.
Il est en chacun de nous qui se battra vaillamment contre les coups de boutoirs de ces féroces boyards(5), tout enivrés par la perspective de cet Eldorado que leur fait miroiter ce roué(6) de François Fillon qui arbore avec panache le fouet et le crucifix sur son blason fraîchement repeint.


(1) Le knout : désigne le fouet portant des clous au bout de ses lanières et utilisé dans l'Empire russe pour flageller les criminels et délinquants politiques.
(2) Féal (pluriel féaux) : une personne qui est fidèle à une autorité supérieure, en particulier à son suzerain, à son souverain.
(3) Nemrod : chasseur passionné qui tue beaucoup de gibier.
(4) Gabegie : gestion financière défectueuse ou malhonnête ; gaspillage.
(5) Boyard : noble de haut rang dans les pays slaves, particulièrement en Russie (Xe-XVIIIe s.), ainsi qu'en Moldavie, en Valachie et en Transylvanie.
(6) Roué : qui est habile, rusé, sans scrupules, qui ne recule devant rien pour parvenir à ses fins. 


 "Anna Karénine" de Léon Tolstoï (tome 1 et tome 2)


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Boyard et son knout

dimanche 27 novembre 2016

Au petit théâtre de Guignol  - 27 novembre 2016

Osons le dire : nous, peuples du monde, petits toutous tenus en laisse par d'odieux autocrates ou par de soi-disant démocrates, nous ne voulons plus de ces faux-semblants d'élections.
Malgré la chape de terreur qui s'abat sur certains d'entre-nous, malgré l'état d'hébétude voulu et pensé où sont maintenus les autres, nous voyons bien que la maison Terre est en train de brûler.
Et il y a le feu... de la cave au grenier !
Du Brésil au Venezuela en passant par la Grèce, l'Ukraine, l'Afrique, le Moyen-Orient, la Turquie, l'Afghanistan, le Pakistan, la Birmanie, la Corée du Nord et la Thaïlande, la Grande Faucheuse, qui sème derrière elle, la torture, la mort, la grande pauvreté et le désespoir, est à l'oeuvre.
Dans le fauteuil des démocraties, s'assoient de grands menteurs, des prévaricateurs(1), soutiens toujours fidèles de riches "Etres de l'Ombre", qui pillent sans vergogne les richesses de notre terre, polluent sans scrupules et n'ont cure de nous, pauvres gueux, dont ils font les poches avec toute la dextérité d'un "trousse-gousset" de la Cour des miracles(2).
Beaucoup promettre, ne rien tenir, Magic Donald en est l'incarnation.
Les autres vont suivre.
"Plus je mens, plus je gagne" va devenir la devise des hommes et femmes politiques qui aspirent au pouvoir suprême.
Sans rien connaître ni comprendre de l'extrême complexité de l'économie, du droit, de la justice et des sciences, ils seront élus et sacrés rois par de pauvres hères qui les applaudissent comme au petit théâtre de Guignol, avant de tous se prendre, à leur grand étonnement, une volée de coups de bâton.
Mais... hé, hé... un Vent Mauvais se lève.
Nos grands voleurs-menteurs devraient y prendre garde et lever le nez de la fine porcelaine dans laquelle ils se sustentent sous les ors de leurs beaux palais.
Quid de l'Homme qui a la faim au ventre, qui a froid et qui n'a plus d'abri ?
Il ne se cache pas pour mourir, mais porté par sa juste colère, il court sus à son tyran et abat son bras vengeur(3).

"Qui sème le vent, récolte la tempête".

Méditons, mes beaux Amis sur ce vieux, si vieux proverbe... (sic !)


(1) prévaricateur :  (du latin praevaricator) qui manque aux devoirs de sa charge.
(2) Au Moyen Age, la Cour des Miracles était une cour parisienne abritée par la rue Saint-Sauveur, la rue de la Mortellerie et la rue de la Truanderie. La police ne venait que rarement dans ce quartier délabré et sombre. La Cour logeait des mendiants, des aveugles, des paralysés, des nains et toutes sortes de personnages tous plus "répugnants" les uns que les autres.
(3) "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
 

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"Les Cavaliers de l'Apocalypse" de Christian Lepère



















samedi 12 novembre 2016

XZ-300 - 12 novembre 2016

 De retour d'un voyage dans les Terres Boréales (la Suède), Sa Sainteté le Pape François s'est benoîtement confiée, dans l'avion papal, à quelques journalistes le 1er novembre 2016.
L'Encyclique tient en quelques mots : "De réfugiés, désormais, point n'accueillera autant mais mieux intègrera... sous peine de le payer politiquement" (sic !)

La France, autrefois fille aînée de l'Eglise catholique-romaine, avait déjà anticipé ce saint prêche.
Une expérience est en cours sur une centaine de réfugiés qui ont obtenu l'asile et cela pour leur éviter de se retrouver à la rue. C'est une formule tout-en-un comme au restaurant-express.
Elle comprend l'hébergement, quatre mois de cours de français intensif (do you speak globish French ?) et quatre mois de formation à un métier en tension (quid ?)
Notre ministre de l'emploi, l'inénarrable Myriam El-Khomri, connue aussi comme celle qui charge la mule, ne pouvait laisser échapper pareille aubaine et vient d'annoncer l'extension de l'expérience.
Les métiers en tension sont connus, c'est ceux que personne n'a envie d'exercer, et qui ne font pas du tout rêver, comme la restauration, les services à la personne, la chaudronnerie, la soudure, la charpente métallique, le curage des égouts et autres...
Activités demandant beaucoup d'abnégation, souvent mal rémunérées et peu valorisantes pour l'individu.
Donc, en France, nos grands aînés, grabataires, maintenus à domicile de par leurs ressources précaires, n'auront pas droit, comme au Japon, à un robot (nourrice, majordome, aide-soignant...) qui s'appelle XZ-300, mais à un jeune réfugié, "parfaitement intégré" comme dirait Sa Sainteté, qui leur changera leurs couches souillées et les fera boire à la pipette, jour et nuit par temps de canicule avérée.
C'est autant d'économies pour la Sécurité Sociale au vu du coût élevé de la prise en charge des robots.

Hé, hé... mes bien chers frères... mes bien chères soeurs... restons donc à genoux pour continuer à battre notre coulpe(1), nous n'en n'avons pas fini avec nos patenôtres(2) pour nous racheter de ce grand péché qu'est la colonisation, qu'elle soit autrefois extérieure ou désormais intérieure à notre territoire.
Et tel Sisyphe(3) en son supplice, nous attendrons en vain la délivrance, ce fameux "Ego te absolvo"(4).
Habemus Papam(5), habemus Myriam El-Khomri !


(1) Battre sa coulpe :  dans la pratique médiévale, les moines, devaient avouer devant la communauté rassemblée leurs fautes (lat. culpa) en se frappant la poitrine. 
(2) Patenôtres : réciter le Nôtre Père (lat. Pater noster) 
(3) Sisyphe : pour avoir osé défier les dieux, Sisyphe fut condamné, dans le Tartare, à faire rouler éternellement jusqu'en haut d'une colline un rocher qui en redescendait chaque fois avant de parvenir au sommet. 
(4) Ego te absolvo : je te pardonne.
(5) Habemus Papam : nous avons un Pape.

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Albert Camus - le Mythe de Sisyphe.

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"Sans Titre" de Rateb Seddik - 1940



vendredi 11 novembre 2016

Les gens d'en bas - 11 novembre 2016

Tremblement de terre mondial : Magic Donald a gagné !
Sidération des "Bien pensants".
"Il faut redevenir de gauche" nous susurre la très cultivée Aurélie Filippetti, député PS de la Moselle (sic !)
"Tout devient possible pour les gens d'en bas" affirme avec aigreur la chaisière(1) Christine Boutin, présidente du Parti Chrétien Démocrate.
Il fleurit donc dans la presse toute une diatribe pour expliquer au "brave peuple" ("gens d'en bas", rats des caves sociales et autres "sans-dents") qu'il ne comprend décidément rien et qu'il ne répond jamais "bien" à la question qu'on lui pose.
Le Parti Socialiste affuble, de surcroît, le peuple, des oripeaux honteux du "national-populiste-xénophobe" (dixit Jean-Christophe Cambadélis, 1er secrétaire du Parti Socialiste) en lui serinant qu'il court à sa perte en votant pour le "pire", c'est à dire contre l'Establishment (les Elites qui s'engraissent alternativement dans tous les rouages du pouvoir, de la finance et des médias).

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"Vox populi, vox dei"(2) disait l'adage romain repris par le citoyen Danton en pleine tourmente de la Révolution Française en septembre 1792.
Craignons que cette Vox Populi, les Elites ne l'étouffent, car elle ne va vraiment plus dans le sens de ce "consensus mou" qui nous était asséné matin midi et soir.
Pour preuve : le "Brexit" ne plait pas du tout aux financiers de la City qui en appellent à la Haute Cour de Londres pour faire annuler purement et simplement le vote des citoyens britanniques.
hé, hé... "Bien penser" est obligatoire pour laisser ces gros chats à collier rouge ou bleu nous croquer, nous, petits rats des champs et des égouts urbains.

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A trop pousser les "gens d'en bas" à bout, les mépriser, les appauvrir sciemment, les encourager à oublier leurs peurs et leurs désespoirs en avalant des petits comprimés roses, les "gens d'en haut" devraient se rappeler le sort de leurs prédécesseurs qui ont fini, très soudainement... la tête au bout d'une pique !(3)




(1)  La chaisière de la cathédrale, à se préoccuper trop âprement de la location de ses chaises, risque d’oublier qu’elle sert un dieu. Antoine de Saint-Exupéry, Lettre à un otage (1943 p 62) 
(2) Vox populi, vox dei : la voix du peuple est la voix de dieu.
(3)  Le Manifeste des Enragés. 25 juin 1793 d’après Dommange


"La liberté guidant le peuple" d'Eugène Delacroix
NOVEMBRE