dimanche 1 janvier 2017

Pac-Man - 01 janvier 2017

"Nous sommes dans une période triste" nous dit le photographe américain Bruce Weber(1).
Nos "démocraties" commencent à nous inspirer une méfiance insidieuse, engendrée par la transformation brutale de notre société.
Programmes de surveillance totale des Humains, collectes massives de données, stockage de bases d'ADN, d'empreintes digitales, de visages, de plaques d'immatriculation, d'écoutes téléphoniques, et survols par des drones qui siphonnent toutes nos vies.
"Un monde de plus en plus désenchantant" souligne Ariane Mnouchkine(2).
Le profane a pris le pas sur le sacré(3). Les mondes anciens se sont évanouis de nos mémoires qui à l'ère du "tout connecté" (le frigo, le soulier, la brosse à dent...) ne se rappellent que l'instant immédiat.
Aujourd'hui quelques humains cherchent le secret de l'Univers, la "matière noire", dans un anneau (le Large Hadron Collider) profondément enfoui sous terre à Genève.
Notre intelligence fabuleuse ne nous sert-elle donc qu'à nous entourer de gadgets futiles ou dangereux (le robot-tueur) et à engendrer une puissance incroyable qui nous éliminera certainement en créant un gigantesque trou noir qui nous avalera tout rond comme Pac-Man.
Alea jacta est (tout est dit), les dés sont déjà lancés.
Adam et Eve ont croqué le fruit défendu, l'Humain a trop abîmé le Vivant, perdu la foi dans le "Beau et le Bon Vivre" et donné la pleine mesure à sa démesure, dévoré de l'intérieur par l'ambition, l'argent, le pouvoir, et l'envie.

Nous sommes encore quelques-uns à rêver au doux royaume d'Utopia... qui ne sera jamais sur un Monde à bientôt neuf milliards d'humains. 


(1) Bruce Weber est un photographe et cinéaste américain né le 29 mars 1946 à Greensburg en Pennesylvanie, Etats-Unis.
(2) Ariane Mnouchkine, née le 3 mars 1939 à Boulogne-Billancourt, est metteur en scène de théâtre et animatrice de la troupe qu'elle a fondée en 1964, le Théâtre du Soleil. 
(3) "Le Sacré et le Profane" de Mircea Eliade.



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 Adam et Eve de Michele Monnet
JANVIER 2017

mardi 27 décembre 2016

Mon bon Sapin - 27 décembre 2016
 
Jean-Paul Sartre a pris conscience de l'Existentialisme en contemplant une racine entre ses pieds au jardin du Luxembourg à Paris et nous, nous prenons conscience du dérisoire de nos existences en contemplant les feuilles mortes qui s'envolent au vent tourbillonnant.
Un immense besoin d'évasion et d'oubli nous étreint.
Comme nous ne sommes pas tous titulaires d'un double diplôme d'ingénieur-manager, ni post-doctorants en génie des systèmes et de l'innovation, nous ne pourrons, hélas, pas satisfaire notre délicieux Emmanuel Macron en fondant une start-up.
Hé, hé... adieu donc le progressisme... et le million promis.
Retour vers le réel où la vie est tout aussi cruelle et sauvage que dans le parc de Yellowstone où au pied des volcans et des geysers, les loups, les ours, les bisons, les loutres et les busards se déchirent et se croquent à pleines dents.
Oublions à jamais le procès scandaleusement truqué de Madame Christine Lagarde, non pas ex-ministre des finances de la France mais Vase de Salon avoué de la Sarkosie, sauvée de l'ignominie d'une vraie condamnation par ordre de notre "bon" Sapin, ministre des finances de notre Raminagrobis-Hollande à la Cour de Justice de la République. (Hic !)
La clémence est à l'ordre du jour.
Clémence contre les fous et les terroristes, enragés et assassins, mais en liberté, soit-disant... "surveillés".
Clémence et longueur de temps pour juger les copains des copains gravitant dans les sphères du pouvoir, qu'ils soient grands pollueurs, empoisonneurs, escrocs en cols blancs, louches affairistes ou trafiquants en tout genre.
De jour en jour, la liste de ces honnis de la probité s'allonge sur le parchemin de l'Histoire.
A quand le temps de lessiver tout ce Beau Linge qui festoie joyeusement sur les ruines de notre civilisation, qui dans un tiroir du Temps portera le nom "d'Age du Néant"1 ?


 1 - "L'ëtre et le Néant" de Jean-Paul Sartre. 


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mardi 29 novembre 2016

Grenouille de bénitier - 29 novembre 2016

Les yeux plein d'étoiles, en enfants sages, nous attendons le Père Noël.
Hélas, dans la douce nuit de dimanche, c'est le char du Père Fouettard, François Fillon, qui a paradé dans nos rues.
Armé d'un knout(1) et avec un aplomb sidérant, il nous a promis, à nous, chômeurs, travailleurs pauvres, paysans aux abois, retraités désargentés et assujettis aux oeuvres sociales, du sang... et des larmes.
Ses fidèles Féaux(2), Henri de Castries, Jean de Boishue, Marc Ladreit de Lacharrière, Arnaud de Montlaur et Madeleine de Jessey, dont les noms scintillent en lettres d'or dans le bottin mondain, peuvent désormais se hausser du col et renier les idéaux de la noblesse de France (protéger la veuve et l'orphelin et venir en aide aux pauvres).
Dans le pavillon de chasse du sublimissime château de Fougéré d'Henri de Castries, ces raffinés nobliaux ont fêté la victoire de leur champion et l'abandon prochain de toute mesure sociale en faveur des défavorisés (personnes hors de la Faveur Royale).
Emportés par l'élan d'une chevauchée frénétique vers un capitalisme ultra-libéral effréné et mortifère pour la vile populace que nous sommes, nos vaillants nemrods(3) y vont de leur obole pour financer le jubilant élu d'un parti de patrons, de financiers, et de rentiers, dont la cassette est vide au vu de la gabegie(4) dans laquelle se vautrent ces joyeux drilles aux golden cards.

Bibles et évangiles en mains, ces opulents croisés ont été ralliés ex abrupto par l'ancienne égérie des boîtes de nuit gay parisiennes, Frigide Barjot, reconvertie, l'âge venant, en grenouille de bénitier.
Il paraît que Dieu reconnaîtra les siens.
Mais Dieu, si Dieu existe en ce monde cruel, n'est pas dans le choeur de la somptueuse abbaye de Solesmes.
Il est en chacun de nous qui se battra vaillamment contre les coups de boutoirs de ces féroces boyards(5), tout enivrés par la perspective de cet Eldorado que leur fait miroiter ce roué(6) de François Fillon qui arbore avec panache le fouet et le crucifix sur son blason fraîchement repeint.


(1) Le knout : désigne le fouet portant des clous au bout de ses lanières et utilisé dans l'Empire russe pour flageller les criminels et délinquants politiques.
(2) Féal (pluriel féaux) : une personne qui est fidèle à une autorité supérieure, en particulier à son suzerain, à son souverain.
(3) Nemrod : chasseur passionné qui tue beaucoup de gibier.
(4) Gabegie : gestion financière défectueuse ou malhonnête ; gaspillage.
(5) Boyard : noble de haut rang dans les pays slaves, particulièrement en Russie (Xe-XVIIIe s.), ainsi qu'en Moldavie, en Valachie et en Transylvanie.
(6) Roué : qui est habile, rusé, sans scrupules, qui ne recule devant rien pour parvenir à ses fins. 


 "Anna Karénine" de Léon Tolstoï (tome 1 et tome 2)


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Boyard et son knout

dimanche 27 novembre 2016

Au petit théâtre de Guignol  - 27 novembre 2016

Osons le dire : nous, peuples du monde, petits toutous tenus en laisse par d'odieux autocrates ou par de soi-disant démocrates, nous ne voulons plus de ces faux-semblants d'élections.
Malgré la chape de terreur qui s'abat sur certains d'entre-nous, malgré l'état d'hébétude voulu et pensé où sont maintenus les autres, nous voyons bien que la maison Terre est en train de brûler.
Et il y a le feu... de la cave au grenier !
Du Brésil au Venezuela en passant par la Grèce, l'Ukraine, l'Afrique, le Moyen-Orient, la Turquie, l'Afghanistan, le Pakistan, la Birmanie, la Corée du Nord et la Thaïlande, la Grande Faucheuse, qui sème derrière elle, la torture, la mort, la grande pauvreté et le désespoir, est à l'oeuvre.
Dans le fauteuil des démocraties, s'assoient de grands menteurs, des prévaricateurs(1), soutiens toujours fidèles de riches "Etres de l'Ombre", qui pillent sans vergogne les richesses de notre terre, polluent sans scrupules et n'ont cure de nous, pauvres gueux, dont ils font les poches avec toute la dextérité d'un "trousse-gousset" de la Cour des miracles(2).
Beaucoup promettre, ne rien tenir, Magic Donald en est l'incarnation.
Les autres vont suivre.
"Plus je mens, plus je gagne" va devenir la devise des hommes et femmes politiques qui aspirent au pouvoir suprême.
Sans rien connaître ni comprendre de l'extrême complexité de l'économie, du droit, de la justice et des sciences, ils seront élus et sacrés rois par de pauvres hères qui les applaudissent comme au petit théâtre de Guignol, avant de tous se prendre, à leur grand étonnement, une volée de coups de bâton.
Mais... hé, hé... un Vent Mauvais se lève.
Nos grands voleurs-menteurs devraient y prendre garde et lever le nez de la fine porcelaine dans laquelle ils se sustentent sous les ors de leurs beaux palais.
Quid de l'Homme qui a la faim au ventre, qui a froid et qui n'a plus d'abri ?
Il ne se cache pas pour mourir, mais porté par sa juste colère, il court sus à son tyran et abat son bras vengeur(3).

"Qui sème le vent, récolte la tempête".

Méditons, mes beaux Amis sur ce vieux, si vieux proverbe... (sic !)


(1) prévaricateur :  (du latin praevaricator) qui manque aux devoirs de sa charge.
(2) Au Moyen Age, la Cour des Miracles était une cour parisienne abritée par la rue Saint-Sauveur, la rue de la Mortellerie et la rue de la Truanderie. La police ne venait que rarement dans ce quartier délabré et sombre. La Cour logeait des mendiants, des aveugles, des paralysés, des nains et toutes sortes de personnages tous plus "répugnants" les uns que les autres.
(3) "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
 

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"Les Cavaliers de l'Apocalypse" de Christian Lepère



















samedi 12 novembre 2016

XZ-300 - 12 novembre 2016

 De retour d'un voyage dans les Terres Boréales (la Suède), Sa Sainteté le Pape François s'est benoîtement confiée, dans l'avion papal, à quelques journalistes le 1er novembre 2016.
L'Encyclique tient en quelques mots : "De réfugiés, désormais, point n'accueillera autant mais mieux intègrera... sous peine de le payer politiquement" (sic !)

La France, autrefois fille aînée de l'Eglise catholique-romaine, avait déjà anticipé ce saint prêche.
Une expérience est en cours sur une centaine de réfugiés qui ont obtenu l'asile et cela pour leur éviter de se retrouver à la rue. C'est une formule tout-en-un comme au restaurant-express.
Elle comprend l'hébergement, quatre mois de cours de français intensif (do you speak globish French ?) et quatre mois de formation à un métier en tension (quid ?)
Notre ministre de l'emploi, l'inénarrable Myriam El-Khomri, connue aussi comme celle qui charge la mule, ne pouvait laisser échapper pareille aubaine et vient d'annoncer l'extension de l'expérience.
Les métiers en tension sont connus, c'est ceux que personne n'a envie d'exercer, et qui ne font pas du tout rêver, comme la restauration, les services à la personne, la chaudronnerie, la soudure, la charpente métallique, le curage des égouts et autres...
Activités demandant beaucoup d'abnégation, souvent mal rémunérées et peu valorisantes pour l'individu.
Donc, en France, nos grands aînés, grabataires, maintenus à domicile de par leurs ressources précaires, n'auront pas droit, comme au Japon, à un robot (nourrice, majordome, aide-soignant...) qui s'appelle XZ-300, mais à un jeune réfugié, "parfaitement intégré" comme dirait Sa Sainteté, qui leur changera leurs couches souillées et les fera boire à la pipette, jour et nuit par temps de canicule avérée.
C'est autant d'économies pour la Sécurité Sociale au vu du coût élevé de la prise en charge des robots.

Hé, hé... mes bien chers frères... mes bien chères soeurs... restons donc à genoux pour continuer à battre notre coulpe(1), nous n'en n'avons pas fini avec nos patenôtres(2) pour nous racheter de ce grand péché qu'est la colonisation, qu'elle soit autrefois extérieure ou désormais intérieure à notre territoire.
Et tel Sisyphe(3) en son supplice, nous attendrons en vain la délivrance, ce fameux "Ego te absolvo"(4).
Habemus Papam(5), habemus Myriam El-Khomri !


(1) Battre sa coulpe :  dans la pratique médiévale, les moines, devaient avouer devant la communauté rassemblée leurs fautes (lat. culpa) en se frappant la poitrine. 
(2) Patenôtres : réciter le Nôtre Père (lat. Pater noster) 
(3) Sisyphe : pour avoir osé défier les dieux, Sisyphe fut condamné, dans le Tartare, à faire rouler éternellement jusqu'en haut d'une colline un rocher qui en redescendait chaque fois avant de parvenir au sommet. 
(4) Ego te absolvo : je te pardonne.
(5) Habemus Papam : nous avons un Pape.

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Albert Camus - le Mythe de Sisyphe.

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"Sans Titre" de Rateb Seddik - 1940